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Si vous visitez Blois et Chambord 1, vous apprendrez peut-être que Victor Hugo a marqué l’histoire de ces deux châteaux. Mais au fait… Avez-vous lu les Misérables ?
Victor Hugo, l'illustre visiteur de Chambord
Le roman de Victor Hugo est célèbre dans le monde entier.
Mais peu de français l’on lu. Encore moins les écoliers ou les étudiants.
Pour ma part, je ne me souviens pas d’avoir lu en classe la moindre ligne d’un roman de Hugo.
Michel Onfray, pourtant connu pour son érudition, reconnaissait ne l’avoir découvert que très récemment.
Pourquoi une telle notoriété… Et si peu de lecteurs ?
Pourquoi le chef-d’oeuvre de Hugo est-il si souvent absent des programmes scolaires ?
C’est un écrit beau, intelligent et subversif qui montre une réalité que beaucoup préfèrent ignorer.
Celle des femmes martyrisées et des enfants battus, condamnés à une misère noire encouragée par une société fondée sur l’égoïsme, la loi du plus fort et le pouvoir de l’argent.
Vous pensez que ce roman est vieillot et qu’il n’a rien a faire dans la bibliothèque d’un enfant ou d’un adolescent aujourd’hui ?
Vous avez tort.
Pour vous en convaincre, je vous apprendrai sans doute que JK Rowling s’est inspirée de la figure de Cosette pour introduire celle de Harry Potter dans les premières pages de son célèbre roman.
« Il traversa un corridor et parvint à un escalier. Là il entendit un bruit très doux qui ressemblait à une respiration d’enfant. Il se laissa conduire par ce bruit et arriva à une espèce d’enfoncement triangulaire pratiqué sous l’escalier ou pour mieux dire formé par l’escalier même. Cet enfoncement n’était autre chose que le dessous des marches. Là, parmi toute sorte de vieux paniers et de vieux tessons, dans la poussière et les toiles d’araignée, il y avait un lit ; si l’on peut appeler lit une paillasse trouée jusqu’à montrer la paille et une couverture trouée jusqu’à laisser voir la paillasse. Point de draps. Cela était posé par terre sur le carreau. Dans ce lit, Cosette dormait. »
Les Misérables, Tome I, Victor Hugo (1862)
« Harry se glissa lentement hors du lit et chercha ses chaussettes. Il en trouva une paire sous le lit, et après avoir chassé l’araignée qui s’était installée dans l’une d’elle, il les enfila. Harry était habitué aux araignées. Le placard sous l’escalier en était plein. Or, c’était là qu’il dormait. »
Harry Potter à l’école des sorciers, Chapitre 2, JK Rowling (1997)
Deux orphelins maltraités par leur belle-famille qui dorment sous un escalier au milieu des toiles d’araignée !
Bien sûr, Harry Potter est beaucoup plus accessible aux enfants d’aujourd’hui et certains chapitres des « Misérables » décrivent une réalité un peu trop dure pour un très jeune public.
Faut-il pour autant priver notre jeunesse des écrits de Victor Hugo ?
« La vrai division humaine est celle-ci : les lumineux et les ténébreux.
Diminuer le nombre des ténébreux, augmenter le nombre des lumineux, voilà le but.
C’est pourquoi nous crions : enseignement ! science !
Apprendre à lire, c’est allumer du feu ».
Victor Hugo, Les Misérables
Voilà qui ferait une bien belle devise pour nos enseignants.
1 Lettre de Victor Hugo à son ami le poète Adolphe de Saint-Valry.
Blois, 7 mai 1825.
« J’ai visité hier Chambord. Vous ne pouvez vous figurer comme c’est singulièrement beau. Toutes les magies, toutes les poésies, toutes les folies même sont représentées dans l’admirable bizarrerie de ce palais de fées et de chevaliers. J’ai gravé mon nom sur le faîte de la plus haute tourelle ; j’ai emporté un peu de pierre et de mousse de ce sommet, et un morceau du châssis de la croisée sur laquelle François Ier a inscrit les deux vers :
Souvent femme varie,
Bien fol est qui s’y fie !
Ces deux reliques me sont précieuses ».
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